jeudi 25 avril 2024
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Abstention record : la mascarade électorale ne prend plus !

66,74 % d’abstention au premier tour des élections départementales et régionales, 65,31 % au second !

Un taux jamais atteint sous la 5ème République. En tout état de cause, leur mascarade électorale ne prend plus. Le pourrissement du système économique en crise profonde, qui est déjà devenue une crise sociale, est en train de se transformer peu à peu en crise poli-tique, en crise de régime. Avec la crise mondiale tout s’accélère. Déjà les élections présidentielles de 2017, pourtant de loin les plus importantes, avaient été en-tachées d’une abstention (et de votes blanc) record. Et pour cause, le pseudo choix démocratique n’est qu’un enfumage pour tenter de donner une légitimité au sys-tème qui exploite de plus en plus les masses.

Les candidats en costard cravate qui suintent l’op-portunisme, avec leurs tracts plastifiés remplis de pro-messes vides, leurs affiches photoshopées présentant des candidats au sourire forcé, leurs spots de cam-pagne hypocrites, leurs militants qui ne viennent dans nos quartiers qu’à l’approche des élections et qui dis-paraissent aussitôt le scrutin passé, tout cela est vécu comme une mascarade.

Bien-sûr, au lendemain du scrutin, sur les plateaux télés, tous les politiciens viennent nous expliquer à quel point l’abstention est dangereuse pour la démo-cratie. Tous appellent au sursaut électoral et alertent sur le risque de disparition de la démocratie. Il ne faut cependant pas s’y tromper : la « démocratie » ne dis-paraît pas, puisqu’elle n’existe pas. Leur système n’est pas démocratique, le peuple n’a strictement aucun pouvoir, et tout le monde commence à s’en rendre compte. La mascarade électorale et tout son spectacle pitoyable n’arrive plus à faire passer la pilule. Le dé-sintérêt des masses pour la politique politicienne est l’expression d’une profonde envie de changement et, au fond, d’une vrai démocratie.

Si tous ces politiciens et éditorialistes bourgeois sont si inquiets de voir l’abstention grimper inexorablement, c’est car cela sape les fondements de leur apparente lé-gitimité. Les élections, dans un système capitaliste libé-ral, servent à légitimer le système économique et à choi-sir quelle faction de la bourgeoisie va diriger le pays. Les élus sont les marionnettes des intérêts dirigeant dans les faits le pays, c’est à dire la grande bourgeoisie monopolis-tique (celle qui possède les multinationales). Les masses se rendent bien compte qu’elles n’ont aucun pouvoir face aux puissants, que les élus ne sont qu’un rouage d’une machine basée sur la corruption, la démagogie, le vol et le mensonge.

En effet, lorsqu’on écoute des élus, ils n’ont de cesse de rappeler leur « légitimité démocratique » découlant du fait qu’ils ont été choisis par le peuple. Les gagnants de ces élections régionales et départementales ne pourront pas en dire autant. Quelle est la légitimité populaire d’un Président de région élu avec moins de 35% de participa-tion ? Même leur vernis pseudo-démocratique ne tient plus, et petit à petit, c’est leur régime qui s’effondre.

Certains nous diront que la hausse perpétuelle de l’abstention est le signe d’un désintérêt de la population pour les questions politiques. Cela est bien-sûr totale-ment faux. Nous sommes actuellement dans un cycle de grandes mobilisations sociales : depuis 2016 et le mouve-ment social contre la réforme du code du travail, les mani-festations, grèves et émeutes se multiplient. Il ne se passe plus trois mois sans que de grandes manifestations n’aient lieu. Il ne se passe plus trois mois sans qu’un quartier ne s’embrase contre les violences policières. Il ne se passe plus trois mois sans qu’une grève combative n’enflamme une usine.

L’évolution du taux d’abstention aux élections en France, depuis la fin des années 1980. Crédits : franceinfo

Le désintérêt pour la politique des politiciens en cos-tard sur les plateaux télés ne signifie pas un désintérêt pour la politique au sens large. Le rejet de la mascarade électorale ne signifie pas le rejet de toute action politique, bien au contraire. C’est dans les quartiers ouvriers que l’abstention est la plus forte : avec 81,67 % d’abstention au premier tour, la Seine-Saint-Denis, département le plus prolétarien de France, est aussi celui où l’abstention est la plus forte. Dans les villes prolétariennes de la banlieue lyonnaise, au premier tour, les résultats sont similaires,avec 88,34 % d’abstention à Vaulx-en-Velin et 83,2 % à Vénissieux. Pourtant, les villes prolétariennes sont loins d’être des déserts poli-tiques. Elles sont le théâtre d’une résistance populaire quotidienne face au système capitaliste. Elles comptent d’innombrables associa-tions de quartier qui prennent en main les problématiques que vivent les habitants. Elles comptent les contingents les plus déterminés de travailleurs prêts à lutter pour ren-verser ce système infâme.

C’est également dans la jeunesse, chez les 18-24 ans, que l’abstention est la plus forte, puisque 87 % des jeunes ne se sont pas déplacés au premier tour. Cela signifie-t-il pour autant que la jeunesse est dépoliti-sée ? Certainement pas : nous avons vu cette dernière année une partie importante de la jeunesse se mobi-liser contre les violences policières, contre les conditions de tenue du bac, contre la mauvaise gestion de l’épidémie dans les lycées, etc. Ces mobilisations, loins de prouver une quelconque dépolitisation, nous montrent au contraire qu’une part de plus en plus importante de la jeu-nesse est déterminée à prendre ses affaires en main, à ne plus baisser la tête, à ne plus accepter de simple-ment déléguer le pouvoir à des poli-ticiens bourgeois.

Cette abstention, qui témoigne d’un grand rejet du système électo-ral bourgeois, nous démontre éga-lement que le Rassemblement Na-tional n’est pas le parti des masses en colère qu’il prétend être. Et pour cause, lors de ces élections régio-nales, de très nombreux électeurs habituels du Rassemblement Natio-nal ne se sont pas déplacés. Cette déroute pour le parti de la bour-geoise Marine Le Pen est un signe encourageant : l’idée selon laquelle « si on en est en colère, il faut voter Le Pen » semble bel et bien dépas-sée. Le Rassemblement National ap-paraît donc au grand jour comme ce qu’il est : un parti de régime, oppor-tuniste et réactionnaire défendant les intérêts des exploiteurs, comme tous les autres partis acceptant la mascarade électorale.

Désormais, compte tenu de l’abs-tention, notamment chez les élec-teurs historiques du Rassemblement National, il semble évident que pour une part de plus en plus importante de la population, la colère ne s’ex-prime pas dans les urnes, mais bien dans les mobilisations sociales, dans la lutte, dans les grèves, dans les manifestations, dans l’organisation au quotidien sur nos lieux de vie, de travail et d’études.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous voyons se dessiner les deux grandes forces historiques : l’an-cienne, celle qui soutient le système en participant aux élections, et la nouvelle force en gestation, qui se constituera comme seule grande force d’opposition dans la lutte des classes.

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