lundi 11 novembre 2024
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Editorial : A qui profite le crime de la division ?

Depuis quarante ans, le monopole médiatique nous inonde chaque jour avec un danger « africano-musulman », nous parlant de l’invasion « rampante mais déterminée », des « barbares » venus des ex-colonies.

Quarante années, voire plus, qu’il tente d’édifier des murs entre les fractions du prolétariat. Des murs mentaux, mais aussi physiques et géographiques. À les écouter, les quartiers prolétaires sont un mélange de Far West où les bandes font la loi, de califat où les Imams font régner une impitoyable Charia, de zones de non-droit où la police est l’éternelle victime. Et bien sûr, la clé de voûte de l’édifice, la pierre angulaire de la réaction, c’est la supposée incompatibilité quasi-génétique de la Nation avec cette population « sauvage » mais dangereusement organisée. Tout est fait pour inspirer la peur, peur de l’étranger, peur des masses pauvres.

L’épopée de la lutte des classes, moteur de l’Histoire, n’est que la rencontre des opprimés en lutte contre l’oppression. La situation actuelle, à de nombreux égards, fait penser à la politique de division mise en place aux Antilles pour diviser l’esclave noir et le blanc pauvre.

Le code Noir a été mis en place dans les colonies antillaises principalement pour diviser racialement les opprimés. Les idéalistes nous disent que c’est parce que les blancs sont d’essence raciste, alors que cela correspondait en fait à une nécessité économique et politique. Le but était de préserver le système esclavagiste dans les colonies, qui était trop arriéré face aux petits propriétaires soumis au féodalisme. Le seul danger des grands propriétaires terriens et du colonat était l’alliance du blanc pauvre avec l’esclave noir. Non seulement la politique universaliste de l’Église, qui proclamait que tous les êtres humains sont égaux devant Dieu, créait une base idéologique pour que l’esclave revendique des droits d’égaux, mais en plus la force de l’amour faisait que des blancs pauvres se mariaient avec des esclaves. Il n’y avait qu’un pas pour que les revendications politico-économiques se confondent, et c’est ce qu’il s’est passé. Pour contrebalancer cette contradiction, les colonialistes ont créé la race, entendue comme distinction politique et sociale. La peau n’était plus une couleur mais un statut social. Économiquement, les intérêts des blancs pauvres et des noirs convergeaient, alors il fallait les diviser politiquement et socialement. Tout cela a été la base de la division qui s’est transformé dans les esprits en supériorité culturelle, puis en supériorité raciale.

Que vivons nous aujourd’hui en hexagone si ce n’est exactement la même politique de division de classe ? En effet, la classe porte les intérêts convergents de la majeur partie de la population.

La grande peur historique de la bourgeoisie ce n’est pas l’Islam politique, les musulmans chefs d’entreprise ou petit bourgeois, ce n’est pas le « séparatisme », c’est l’exact inverse, la fin de l’atomisation de la classe. L’unité du prolétariat est le cauchemar sourd qui agite les nuits des bourgeois des centres métropolitains. La Grande Peur durant les Gilets Jaunes était la possible convergence, sous la forme d’une insurrection comme en 2005, entre les quartiers prolétaires des périphéries et un mouvement syndical qui aurait appelé à de grandes grèves. La question syndicale est pour un temps réglée tant l’intégration à l’État des directions syndicales est grande. Cette question était dans toutes les bouches des Gilets Jaunes: « ah si seulement les quartiers s’y mettaient… ». Le bon sens populaire tend toujours à l’unité. Ce n’est pas la coupe du monde qui unifie le peuple mais la lutte des classes.

Rassemblement du CPES des Etats-Unis dans le local de Grand Lyon Habitat le 2 novembre 2022. Source : Banque d’images de Nouvelle Epoque

Alors il ne reste plus que la peur séculaire des retrouvailles entre le prolétariat blanc et de couleur. Il n’y a que cet événement qui peut déstabiliser en profondeur l’État et réactiver le mouvement politique, avec en son centre la question du Pouvoir. Entendons donc que tous ceux qui divisent sont des réactionnaires, car ils participent consciemment ou inconsciemment à l’atomisation de la classe. Qu’ils se proclament de gauche ou de droite, ceux qui mènent cette politique sont des réactionnaires. Ils ont beau crier qu’ils défendent le « peuple », ils vont systématiquement contre son intérêt.

Tout leur discours est bâti sur du mensonge. Que ce soit les ultra-réactionnaires à la Zemmour qui nous racontent que la nation française est vieille de 1 000 ans et serait d’essence chrétienne, les Indigènes qui ont créé un nouveau sujet politique qui n’existe pas, les féministes bourgeoises pour qui le voile islamique est pire que les conditions socio-économique des femmes prolétaires musulmanes ou autre ; tous ces gens sont les alliés objectifs de l’impérialisme. Bien entendu, nous comprenons la raison historique des « Indigènes », qui ont vu le prolétariat des quartiers trahis par la « gauche ». Les coupables, ce sont les révisionnistes et les opportunistes de tous bords qui se servent des problèmes des masses pour leur petite tambouille électorale. Ils n’ont plus rien de « gauche », ils font partie du problème et non de la solution.

Parmi eux, ce sont ceux qui se proclament progressistes, voir révolutionnaires, qui devraient le plus analyser leur propre situation. Ils devraient se poser des questions à partir du moment où ce qu’ils portent convergent avec les pires réactionnaires. Nous partons du présupposé qu’ils ne le font pas en tout état de cause, car sinon cela serait criminel. Criminel dans le sens où cela ne fait que reculer le moment où le prolétariat pourra s’émanciper politiquement de la bourgeoisie. Que cela soit le féminisme bourgeois ou la « politique indigéniste », c’est en dehors du terrain de la lutte des classes et se place au niveau de la superstructure idéologique. Ils créent de « la politique » spectacle dans le cadre de l’État.

Les Universités, les médias sont le terrain d’action de ces « idéologues ». Ils participent à maintenir le mirage démocratique car cela sert directement la politique de l’État bourgeois. Sentant que leurs « pensées » sont basées sur des sables mouvants, ils la saupoudrent de « Marxisme » à la petite semaine. Ils noient la lutte des classes dans un pot belge qui retire tout contenu révolutionnaire. Ils ne parlent pas de Pouvoir, mais de « pouvoir blanc », « de pouvoir masculin », etc.

Bien entendu, aborder la question du Pouvoir c’est rentrer dans la seule question politique qui est celle de l’État, en substance de savoir quelle classe dirige l’appareil étatique et quel est son contenu politique.

Tout ce jeu politique n’est qu’inconsistance tant ils sont coupés de la réalité matérielle des masses. Cet éditorial n’est pas un récit universitaire, mais le reflet de la réalité matérielle. C’est notre activité politique dans les quartiers prolétaires qui a fait s’effondrer tout ce mirage idéaliste. Le Marxisme le dit : la pratique est l’action principale, c’est elle qui vient vérifier si une idée est juste ou pas. C’est quand nous avons décidé de « vivre, travailler et lutter » avec le prolétariat de France que nous avons pleinement découvert la supercherie de la gauche bien pensante et des ultra-réactionnaires.

Nous considérons le prolétariat pour ce qu’il est, la dernière classe de l’histoire, la seule qui a la possibilité d’en finir avec le système séculaire d’exploitation. Nous ne parlerons pas de religion, car il n’y a pas de problème avec l’Islam en France mais un problème de classe. C’est-à-dire la contradiction antagonique entre une minorité qui s’approprie la richesse créée par la collectivité.

Le prolétariat de France est un arc en ciel, il est le reflet du développement national, du développement des forces productives et de la qualité d’État impérialiste. Nous considérons qu’à partir du moment où une personne est intégrée à la production, elle fait partie du prolétariat de France. Peu importe nos origines, nous affrontons les mêmes difficultés au quotidien. Nous vivons sous le même régime politique, nous avons les mêmes ennemis. Nous vivons tous en France et nous avons un avenir commun.

Nous n’utiliserons plus les termes « d’origine immigrée » car simplement c’est un autre dispositif de domination. La personne « d’origine immigrée », c’est l’Africain et cela fait bien longtemps que ce n’est plus l’Italien ou le Portugais. Nous considérons seulement les gens pour ce qu’ils font socialement et non par leur couleur de peau, leur religion ou autre. Ramener sans cesse une personne à ses origines est indigne. Bien entendu nous savons que des contradictions dans le peuple existent, mais le peuple n’est que le reflet du monde matériel et du monde social, c’est-à-dire de la lutte des classes.

Pour combattre tous ces écueils, il n’y a qu’un chemin possible : mettre la politique aux commandes en analysant le monde avec la grille de lecture Marxiste. À chaque moment, il faut comprendre ce qui sert ou dessert la Révolution, et aller toujours vers ce qui la sert.

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