vendredi 26 avril 2024
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Les révolutionnaires, la Révolution et les universités

Les êtres humains sont le reflet de la société dans laquelle ils vivent. C’est-à-dire que la manière dont nous appréhendons les choses, nos pensées, sont aussi le reflet du monde matériel dans lequel nous évoluons. C’est ce qu’affirme la conception marxiste du monde, c’est ce qui se nomme le matérialisme en philosophie. Dans une société façonnée par le capitalisme, spontanément les gens auront une façon de voir le monde qui reflète ce système – bien entendu de manière plus ou moins profonde. Idéologiquement, le capitalisme porte l’idéalisme et le subjectivisme. L’idéalisme c’est « la position selon laquelle toute réalité se ramène à des déterminations de l’esprit, qu’il s’agisse d’’idées’, de représentations mentales ou de déterminations plus subjectives comme les ‘expériences sensibles’ ou les sensations » ; c’est ramener l’existence entière à celle du sujet, de la pensée. Partant de là, nous comprenons comment les universités sont le reflet de la décomposition de l’impérialisme en crise profonde. Sur les campus, nous croisons une concentration de sujets écrasés culturellement et politiquement par cette crise abyssale, qui frappe la civilisation du profit et de la Bourse. Plus qu’ailleurs, la dépression du vieux monde est frappante. Les corps et les énergies sont vidées, la rébellion n’existe plus, la conformité de la société du « chacun pour sa gueule » parait avoir triomphé.

Les étudiants sont particulièrement touchés par l’idéalisme et le subjectivisme, car ce sont les universités qui dans nos sociétés ont la fonction de « produire du savoir » par le biais de « la recherche » ; c’est-à-dire qu’elles participent directement à la production de la superstructure idéologique de la société. Les étudiants sont majoritairement issus des couches intermédiaires (la petite-bourgeoisie) coincées entre le prolétariat et la bourgeoisie. Les révolutionnaires ont besoin de gagner ces couches qui sont très développées dans un pays impérialiste comme la France, sinon la Révolution ne pourra pas triompher. Les gagner, c’est éviter qu’elles tombent dans la contre-révolution.

Il faut comprendre que la base de la société c’est l’infrastructure, la base économique, la division de classe. La superstructure, c’est ce qui chapeaute tout cela : l’idéologie, la politique, la culture, etc. La superstructure est le reflet de l’infrastructure, mais la dialectique n’est pas absente car la superstructure elle aussi influence l’infrastructure (avec les lois, par exemple). Nous ne pensons et vivons pas la vie de la même manière dans un système capitaliste et socialiste. Notre relation à chaque moment de la vie sociale est complétement différente. Nous disons bien tout, c’est-à-dire que les relations amoureuses, la façon de penser la mort, la fatigue, la dépression, etc. sont vues d’une façon complètement différente.

Dans le cadre d’une société divisée en classes, les universités sont d’une importance stratégique pour le besoin idéologique de la reproduction capitaliste. C’est pour cela qu’elles ont une position à part qui est contradictoire : d’un côté le monde universitaire est coupé de la production et donc de la société, et de l’autre il doit produire de « la recherche » sur la société qui puisse ne pas nuire au capitalisme. Nous parlons spécifiquement des facultés de sciences humaines, qui sont les plus importantes au niveau stratégique pour la domination idéologique. Leur rôle historique et stratégique, selon la bourgeoisie, est de tenter de rendre inopérant le Marxisme par divers dispositifs. Bien entendu, c’est peine perdue, car le Marxisme est conforme au monde réel, il n’est pas une production intellectuelle ex-nihilo : il existera tant qu’existera une société de classe. Les dispositifs sont divers et se sont transformés avec le temps, mais la base est la même : le Marxisme serait « dépassé » ou « incomplet ».

Le cœur du Marxisme, c’est la lutte des classes, et c’est donc celle-ci qui serait dépassée – ou, lorsque c’est avancé plus finement, seulement sa « centralité », ce qui revient au même. Il fallait remplacer, détourner ou travestir la compréhension marxiste avec de nouveaux concepts, comme « l’intersectionnalité » dont la base sont « les oppressions ». Les pluriels sont extrêmement importants, car le sujet révolutionnaire marxiste – le prolétariat dont le cœur est la classe ouvrière – se transforme en une multitude de sujets. Les sujets sont dès lors divisibles à l’infini (sexe, ethnie, religion, etc.), C’est la course au sujet le plus opprimé. Le sujet « prolétaire » a quasiment disparu des matrices et s’il subsiste, il n’est qu’une chose parmi tant d’autres, ce qui lui enlève dans les mots toute puissance révolutionnaire. Il n’y a plus de bourgeoisie mais « des dominants et des dominés », et la plupart du temps le problème vient des « dominés » qui ne seraient pas suffisamment « déconstruits » pour marcher vers l’émancipation. Le meilleur exemple du rôle de ces concepts, c’est la stratégie de la CIA d’imposer la « French Theory » (Foucault et consorts – le postmodernisme/relativisme) dans les facs américaines, meilleure antidote face au Marxisme.

Bien entendu tout cela n’est pas conforme à la société dans laquelle nous vivons, où il y a toujours deux classes antagoniques, la bourgeoisie et le prolétariat. Poussé à l’extrême, ce corpus d’idées vient faire ressurgir les monstres du passé comme les « races » (concept réactionnaire, et peu importe s’il est question d’un sujet politique ou non), nie la science en niant la biologie, impose l’essentialisation et le relativisme, et va contre l’Universel. L’émancipation devient une quête individuelle où le collectif est secondaire. La déconstruction serait le moyen pour faire la Révolution, il n’est donc plus question de conquête de pouvoir par la violence révolutionnaire. Tout se concentre autour du « je » et du « moi », ce qui plonge les gens dans un mal-être constant, la vie étant de toute manière absurde car à la fin on meurt tous. Tout cela est profondément réactionnaire, car cela va contre la longue marche de l’Homme du règne de la nécessité à celui de liberté, qui est une immense marche vers l’Universel, l’émancipation ne pouvant être que collective. L’extension du capitalisme qui a envahi chaque centimètre carré de notre Terre a son contraire : le prolétariat qui lui aussi est, aujourd’hui, Universel. Le prolétariat est une classe unique dans le monde. Il a bien sûr des différences nationales (ethniques, culturelles) mais le principal c’est que le système est partout le même – d’une forme, certes, plus ou moins développée – et que donc l’émancipation prendra forcément les mêmes formes.

Nous nous devons de lutter dans les facs contre cette chape de plomb réactionnaire qui empêche les étudiants de s’émanciper mais surtout et principalement de participer à l’émancipation du genre humain, c’est à dire à la Révolution Socialiste.

Affirmer les concepts et les principes, défendre la science, dans la lutte idéologique dans les universités est une nécessité pour combattre l’antimarxisme qui fait partie du processus de réactionnarisation. Assumer et porter des concepts comme « prolétariat », « classe ouvrière », « masses », « Révolution Socialiste », « lutte des classes », « unité de la classe » est une partie importante de la lutte idéologique, car la volonté est de rendre caduque le Marxisme et donc de nier son contenu. Il faut propager le matérialisme dialectique, la philosophie marxiste, en expliquant concrètement ce que cela signifie, c’est d’une extrême importance car c’est le seul instrument qui a le pouvoir de nous faire comprendre l’ensemble du monde matériel, ses problèmes et comment les régler.

Mais cela n’est pas suffisant pour développer une Nouvelle Culture – car là est l’enjeu, et nous parlons d’enjeu de civilisation -, il faut que les étudiants se confrontent au monde de la production et au prolétariat, la seule classe qui n’a rien à perdre. C’est la pratique, l’expérience, en luttant avec les masses populaires qui nous fait comprendre la totalité des problèmes idéologiques qu’affrontent les universités soumises à une chape de plomb réactionnaire. La lutte concrète est la plus grande des écoles et nettoie la montagne d’ordure que nous avons accumulé au fil des ans. Les Comités Populaires d’Entraide et de Solidarité dans les quartiers peuvent notamment servir aux étudiants à cette « prolétarisation idéologique » avant de passer à la « prolétarisation pratique ». Les étudiants ont besoin de vivre et de lutter avec les masses avant de travailler avec elles.

Il faut que l’université redevienne un foyer révolutionnaire en liant les étudiants au monde réel, voilà l’enjeu de l’Époque. Pour leur position stratégique dans la superstructure idéologique, les universités sont un front de lutte entre Révolution et contre-révolution. Le courage est la vertu principale dans la lutte à mener dans les facs, car la décomposition est très avancée.

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