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Lyon : Quelques enseignements d’une lutte prolongée, la grève pour la dignité des ouvriers d’Arc en Ciel

A l’été 2021, un conflit éclate entre les salariés d’Arc-en-Ciel, la société qui gère le nettoyage de la gare de Perrache à Lyon, et un encadrant de la gare. Un chef, décrit par les salariés comme tyrannique, irrespectueux, sournois et fourbe. La presse bourgeoise prend des pincettes : dans le Progrès, on lit que «ce chef est accusé» de «harcèlement». Plusieurs mains courantes sont posées et des faits remontent, faits qui durent depuis 2016. En effet, ce chef pouvait «demander le remplacement immédiat d’un salarié ne donnant pas satisfaction», et a abusé de ce pouvoir pour mettre la pression aux salariés, faisant baisser les effectifs, ce dont nous ont entretenu les salariés sur le piquet de grève. Les ouvriers et ouvrières du nettoyage ont relevé la tête. Mais, dans ce secteur, la bourgeoisie ne supporte pas la résistance ; elle utilise donc le Droit, et décide de prendre des employés «en insertion» (avec donc des cotisations sociales et des salaires inférieures) à partir de 2023, et de mettre à la porte les 22 employés, dont certains présents depuis plus de 30 ans sur le site. Le 10 octobre, une nouvelle grève éclate. Un piquet de grève est resté monté, au milieu de la gare, avec drapeaux et banderoles pendant plus de deux mois.

Le 10 octobre, la grève éclate. Aucun salarié ne travaille. La grève est exemplaire de combativité. Mais où sont les syndicats ? Les salariés interrogés ne semblent pas syndiqués pour la plupart, ne mettent pas en avant leur affiliation syndicale en tous cas. L’une d’entre elle affirme même que les salariés n’ont pas été aidés par les syndicats, en dehors d’une caisse de grève du nettoyage : l’interpro est aux abonnés absents.

«La métropole s’en fout de nous». Des politiciens au secours des patrons

Le 16 octobre, les fascistes attaquent le piquet, volent des drapeaux et tentent de terroriser les quelques salariés présents. Deux jours plus tôt, les mêmes fascistes avaient attaqués des activistes sortant d’un rassemblement en faveur de la libération du prisonnier politique révolutionnaire et communiste Georges Ibrahim Abdallah, armés de matraques. Mr Doucet «écrit des lettres» pour «demander» la fermeture des locaux fascistes, et les fascistes attaquent les écologistes, vus comme des « traîtres à la nation ». La bourgeoisie, ennemi de la classe ouvrière, a plusieurs visages qui prétendent s’affronter mais se renforcent mutuellement. Les fascistes sont le bras armés de la bourgeoisie la plus dure, à son service pour intimider. Les franges plus ‘’progressistes’’ de la bourgeoisie instrumentalisent quant à elles les fascistes pour se faire passer pour des alliés des masses.

D’ailleurs, Grégory Doucet et la métropole n’ont pas hésité à casser la grève. Les agents qui demandaient une rencontre avec le conseil municipal n’ont pas été reçus, et ont même eu la surprise de découvrir qu’une société sous-traitante s’active, dès fin octobre, pour nettoyer la gare en vue des fêtes. «Tout ça pour la Fête des Lumières, le marché de Noël… Le maire est venu vendredi, faire son cinéma, juste parce qu’il y avait les médias… Ça fait deux mois qu’on est là et il apparaît juste pour l’ouverture du marché de Noël !», nous explique un gréviste.

On voit bien que, dans les luttes, les politiciens ne servent à rien. D’un côté, les élus se mettent du côté des capitalistes, des bourgeois, des bailleurs. De l’autre côté, les habitants luttent pour une vie digne, comme au sein du CPES des Etats-Unis – Viviani pour les logements

Une lutte prolongée, ou la volonté de lutter

S., leader dans le mouvement, nous affirme : «la lutte vous savez c’est jamais facile. C’est long, c’est fatigant, mais c’est la cause. Ça a montré qu’on a trouvé beaucoup de soutiens. Avant, on ne peut pas le savoir. Y’a vraiment beaucoup de gens qui nous soutiennent, ça fait chaud au cœur. ». En effet, en cette période d’hiver particulièrement rigoureux, alors que les factures explosent, de nombreuses personnes se reconnaissent dans la grève dure des ouvriers et des ouvrières de la gare de Perrache. Les drapeaux syndicaux et le piquet qui trônent au milieu donnent une impression étrange, mais encouragent à se mobiliser soi-même.

Il y a toujours du monde sur le piquet, et pas mal de gens s’arrêtent. Rare sont ceux à alpaguer les grévistes. Un homme interpelle les grévistes : «depuis le temps ! vous n’avez pas honte ?».
Les réponses fusent : «Lui, c’est un cadre, il ne doit pas savoir ce que c’est de travailler.» ; «Lui, il donne les ordres». On rit un peu. Les grévistes n’ont pas le moral. C’est un soutien financier, mais surtout humain, une solidarité de classe dont ont besoin les grévistes. C’est, en fait, de véritables organisations populaires, sous forme d’assemblées ou de syndicats, dirigées dans le sens de la lutte et de la solidarité absolue avec notre classe, dont ont besoin les grévistes.

Piquet de grève des agents de nettoyage à la gare routière de Lyon-Perrache qui dénoncent une mise en péril de leurs métiers. Source : Banque d’images de Nouvelle Epoque

Quel rôle pour les organisations ?

La longue grève des 22 travailleurs d’Arc en Ciel est une grève dont nous avons beaucoup à apprendre. D’abord, il n’y a pas d’excuses pour ne pas lutter. Les secteurs les plus pauvres, les plus précaires, de notre classe, peuvent lutter. La lutte est une lutte pour la dignité.
S. nous l’explique : «On ne demande pas d’augmentation de salaire, de 13e mois, rien du tout, on veut juste sauver notre travail, c’est notre principale revendication, l’unique, alors que dans la propreté les conditions de travail sont dures.». Quand la dignité est en jeu, la lutte devient aiguë et l’on ne cède plus. La lutte est la plus haute forme de dignité pour les ouvriers et les ouvrières, la plus grande fierté. Voilà à quoi devraient servir les organisations syndicales. Officiellement, il y a bien une intersyndicale qui soutient. Mais en réalité, hormis de faible caisse de grève, et quelques soutiens éparse, on sent bien en discutant que les syndicats en dehors du nettoyage, et de la CNT-SO, ne sont pas vraiment là.
C’est tout le devoir des révolutionnaires sincères : construire, ou reconstituer, des véritables organisations de lutte, combatives et déterminées qui mobilisent, organisent, soutiennent les luttes de la Classe en leur accordant une portée politique et pas seulement économique, c’est-à-dire qui s’attaque à la question du pouvoir, de sa conquête ou de l’affaiblissement de celui de la bourgeoisie.

https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/gare-routiere-de-perrache-agent-de-service-en-greve-2
Cagnotte de soutien aux agents de service en grève

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