mercredi 24 avril 2024
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Un pas en avant pour le boycott des élections

Au sujet d’un nouvel appel à boycotter les élections présidentielles de 2022, lancé par des militants sur le site internet suivant : http://boycottdespresidentielles.simplesite.com/

La réactionnarisation de la société que nous connaissons, pour toute personne qui soutient une politique sincère d’émancipation, peut ressembler à un nœud coulissant étranglant tous nos espoirs de changement. Ce n’est pas faux, mais ce n’est qu’un des aspects de l’époque, et c’est celui qui est secondaire, nous devons le souligner. Comme nous l’avons déjà répété et le répéterons dans les articles de notre journal, chaque phénomène possède deux aspects. S’il y a réactionnarisation, il y a donc mouvement vers l’émancipation – et celui-ci est présent dès aujourd’hui.

A vrai dire, c’est parce que les masses, historiquement, poussent vers l’émancipation (d’une façon ou d’une autre) que la réactionnarisation est une nécessité pour l’oligarchie, afin de continuer le cycle de reproduction capitaliste. Cette nécessité est bien sûr démultipliée en temps de crise générale du système économique basé sur le règne du capital. Dans ces moments de tourmente, il faut toujours garder cela en tête et regarder en détail les choses qui ne trompent pas.

Nous le disons, le vent souffle dans le sens d’une recomposition des forces véritablement démocratiques, et c’est comme cela qu’il faut sentir cet appel au boycott des élections présidentielles. Cet appel dénonce la réactionnarisation, le Parlement devenu croupion et un régime présidentiel sombrant petit-à-petit dans le bonapartisme. Les personnes politiquement sensibles ne peuvent que voir les élections présidentielles comme un plébiscite pour un Homme fort qui pave la voie au fascisme. Cet appel dénonce ce que nous dénonçons.

Appeler au boycott est un acte politique extrêmement fort dans une France où les grands partis forment le parti unique de la bourgeoisie, où les opportunistes de gauche ont trahi cent fois les espérances populaires et où des « révolutionnaires » pensent avoir une stratégie en présentant un candidat…

Bien entendu, cet appel est limité : il ne va pas au fond des choses, ne pose pas la question de qui contrôle l’économie. En tant que marxistes, nous pensons que la superstructure idéologique (dont le système politique) est le reflet de l’infrastructure économique. Dans ce cas, nous ne pouvons passer outre un questionnement radical sur la question de savoir qui possède les moyens de production. Nous devons aussi et surtout nous demander qui produit la richesse collective, qui l’exproprie pour des intérêts privés, qui a le pouvoir et qui devrait l’avoir de manière réelle. Considérant que les forces du capital sont organiquement très développées, qu’elles corrompent toute la machine d’Etat, qu’elles tentent de manipuler les masses via la possession de la totalité des médias, nous ne pensons pas qu’un processus constituant soit tout simplement possible sans avoir réglé ces problèmes. Quoi qu’il en soit, aucun changement ne peut être possible sans saper les bases du Régime anti-populaire de la Ve République.

Cet appel, bien que pris dans ses contradictions, fait partie du camp du peuple assurément. Nous vous le reproduisons dans son intégralité ci-dessous :

BOYCOTTONS L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE !

Après 5 années terribles de démantèlements de conquis sociaux, de désastres écologiques, de combats populaires remettant en cause le système économique et politique et toutes les formes de domination : Gilets jaunes, mouvement de défense des retraites, grèves pour les salaires, grève générale dans les Antilles et territoires dits d’ « outre-mer » … les forces politiques officielles abordent la présidentielle comme si l’élection du Président de la République au suffrage universel allait de soi. Qu’une personne puisse incarner à elle seule l’institution suprême de la République ne peut être qualifié de démocratique.

La Présidentielle hypertrophie la personnalité du ou de la candidate reléguant dans son ombre toutes les autres forces y compris celles qui ont contribué à sa présence. D’ailleurs on dit bien de ces forces qu’elles « sont derrière » la candidature. Ce qui explique pour une large part l’échec de candidature unitaire à la gauche de la gauche : personne ne voulant être relégué dans l’oubli.

Pour que les législatives deviennent l’expression des exigences de la société, qu’elles ne soient pas le troisième tour de la présidentielle, il faut se dégager de ce système.

Si l’abstention est un acte individuel trop souvent confondu avec le silence et la passivité, le boycott dûment motivé est un acte collectif puissamment politique.

L’objectif est de favoriser l’émergence d’un mouvement populaire avec celles et ceux qui sont en quête de pouvoir se faire entendre. Il ne s’agit plus de désigner le meilleur (ou le moins pire) en vue d’obtenir le moindre mal mais de considérer que les mouvements populaires doivent déboucher sur une mise en cause du régime actuel et sur la construction de la démocratie.

C’est un boycott constituant que nous voulons.

Le boycott combat le caractère antidémocratique des institutions, affaiblit les idées d’extrême droite qui promeuvent le culte du chef. Il permet de prendre conscience de notre force collective qui peut ainsi déboucher sur l’exigence d’une vraie démocratie.

Boycotter la présidentielle portera un coup au régime de la 5eme République, sera une victoire contre toutes politiques autoritaires et anti-sociales. Créons ainsi des espaces citoyens, des comités, des assemblées populaires… où toutes et tous se réapproprient la politique et se fédèrent. Ouvrons ainsi, par une campagne de terrain, une nouvelle dynamique populaire qui donne une plus grande efficacité et des perspectives aux luttes sociales.

Nous n’avons qu’une 5eme République à perdre et un monde à gagner.

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